Le dominicain Hervé de Nédellec (Hervaeus Natalis), mort en 1323, fut l’un de penseurs les plus remarquables du début du XIVe siècle. Tout en prétendant défendre la pensée de Thomas d’Aquin contre les attaques, par exemple, d’un Durand de Saint-Pourçain, il s’avère être un penseur indépendant, qui n’hésite pas, sur des questions essentielles, à suivre davantage son maître Godefroid de Fontaines que Thomas d’Aquin. On a reconnu en Hervé l’inventeur de la notion d’intentionnalité, que Brentano réintroduira des siècles plus tard dans le débat philosophique. Il était encore lu aux xvie et xviie siècles, quand une partie de ses œuvres était imprimée et étudiée par de personnages du calibre de Suárez. Parmi ses écrits, ceux qu’il a dirigés contre ses contemporains, tels que Henri de Gand, Jacques de Metz, Jean Duns Scot, Pierre Auriol et Jean de Pouilly, sont aujourd’hui moins bien connus que ceux qui se confrontent à Durand. Nombre des œuvres d’Hervé sont encore aujourd’hui inédites, d’autres ne sont disponibles que dans des éditions anciennes très peu fiables. Si ces difficultés d’ordre textuel ont longtemps empêché l’étude systématique de sa pensée, l’intérêt de la recherche pour son œuvre a considérablement augmenté dans les vingt-cinq dernières années. Néanmoins, notre connaissance de ses positions sur les problèmes fondamentaux qui étaient débattus à son époque demeure superficielle. Ce colloque, organisé à l’occasion des 700 ans de sa mort, sera le premier consacré spécifiquement à sa figure. Bénéficiant de la résurgence d’études sur Hervé, il réunira un groupe international d’experts afin d’étudier les aspects épistémologiques, métaphysiques, cosmologiques, psychologiques et éthiques de sa pensée. Une attention particulière sera réservée aux sources de sa doctrine et à ses implications polémiques.
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